La Ruche Industrielle : observatoire vivant des mutations industrielles – septembre 2025

11 Sep 2025À la une, Le collectif

Mines bronzées, batteries rechargées, les collaborateurs des adhérents de La Ruche reviennent bourdonner. On sent une bonne énergie après la pause estivale ! … reste à la faire durer !
Depuis notre poste d’observation privilégié — groupes projets, Commission projets, échanges croisés entre industriels —, La Ruche Industrielle capte les signaux faibles comme les tendances lourdes : secteurs sous tension, rationalisation des sites, pilotage à distance, accélération des cycles d’innovation, pression des concurrents asiatiques, retour en force des impératifs économiques face au circulaire…
Un concentré de réalités industrielles qui montre un système à la fois compressé et en transformation, et rappelle l’importance d’accompagner des leaders éclairés, capables d’explorer, d’embarquer et de réinventer.

« Pour cette rentrée automnale 2025, voici ce que nous ressentons :

Certains secteurs industriels sont en tension : automobile, bâtiment, … d’autres tirent leur épingle du jeu (défense).  Certains font face à des volumes à livrer importants. Ce qui créé d’autres types de difficultés : les process à optimiser voire réinventer, l’appareil de production et les forces vives en tension.

Autre tendance, la rationalisation des bâtiments : certains sont vidés de leur activité pour être vendus, des sites de production regroupés. Outre le pilotage de ces projets d’ampleur, la gestion du changement qu’ils occasionnent n’est pas une mince affaire.

Le pilotage de lignes à distance constitue un autre challenge. Des lignes sont transférées en Turquie, Inde ou Chine ; viennent avec ces transferts les sujets de pilotage entre usines mères et usines-filles.

Standardiser les outils entre les différentes filiales reste un enjeu majeur.  Lutter contre l’hétérogénéité des process pour dégager du cash afin de financer une R&D coûteuse car multi-technologique en est un autre.

La digitalisation et la mise en place de la continuité numérique dans les process et les organisations des entreprises reste un sujet central. Car permet des gains de temps (=Time to Market) et de travailler de manière fluide (=satisfaction des employés, marque employeur). Mais pas à n’importe quel prix, et surtout sur des process déjà reconnus comme efficaces ou ré-optimisés.

Par ailleurs, la pression est forte pour sortir des produits et services innovants qui rencontrent les besoins clients et le marché au bon prix, dans des délais de plus en plus courts : dans l’automobile, on est passé de 4 ans de développement pour un véhicule à 3, puis désormais 2, notamment sous la poussée des acteurs industriels chinois. Ces derniers raccourcissent toujours plus leurs délais grâce à des volumétries et une supply chain forte portées par un marché intérieur dynamique et une main d’œuvre moins chère. Le rapport à l’innovation est également différent : une prise de risque plus élevée, des cycles de vie produits plus courts, renouvelés plus souvent en mode itératif, une pression normative bien moindre et un soutien fort du gouvernement sur des marchés jugés stratégiques : prêts, facilités d’installation d’usines dans les territoires, montage de consortiums. Tous les secteurs industriels ou presque sont impactés par cette concurrence et force les Européens à accélérer leur ‘time to market’, à repenser leur approvisionnement de matières premières et sous-ensembles, voire à s’associer entre acteurs d’un même domaine pour peser plus lourd face au challenger asiatique.

Cette concurrence met à nu les temps de décision longs, de test produits pour respecter les régulations européennes et les temps de conduite du changement. Elle exacerbe la pression de vendre des produits hyper technologiques et aboutis pour être en phase avec les rémunérations. Elle met en contraste l’approche cahiers des charges respectés à 100% avec de nombreuses fonctionnalités et des prix élevés versus une approche proto pragmatique qui vise le juste ce qu’il faut et qui remporte les marchés.

Et la place de l’humain dans tout ça ? Il faut trouver les bons leviers pour travailler sur la « mise en mouvement » des organisations, sur l’amélioration du leadership des pilotes de projets de transformation. Les convictions personnelles entrent en tension avec les contraintes du réel qui obligent à les revoir à la baisse.

Au niveau du circulaire, on constate un recul de la thématique au profit de la performance industrielle et économique. Les soubresauts de la régulation CSRD n’y sont pas étrangers. Mais ce n’est pas pour autant oublié : les entreprises ouvrent des usines de remanufacturing, de produits ou de pièces de rechange et pensent leurs nouveaux développements produits avec les logiques de démontabilité, recyclabilité, remanufacturing (garanti comme neuf) conjointement avec leurs clients. Dans La Ruche, les projets accompagnés dans le cadre des grappes industrie circulaire se poursuivent. Le programme Pivot Circulaire déployé au niveau métropolitain va entrer dans sa 2ème année.

Notre contexte actuel est celui d’un système qui est étiré ou compressé, qui résiste au changement et qui cherche à se transformer en même temps. En ces temps de transition, accompagner et développer des leaders et des professionnels de l’industrie éclairés, capables de travailler en écosystème, de faire avancer leurs projets en mode explorateur, de convaincre, d’embarquer, de bien les positionner dans leur entreprise est une mission importante. La Ruche Industrielle garde son cap de communauté et de lieu-ressource de la transformation de l’industrie, pour qu’elle devienne plus humaine, plus performante et plus durable. »

Caroline et Bertrand FELIX
La Ruche Industrielle

 

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La Ruche Industrielle, c’est :

  • 18 entreprises industrielles et écoles réunies pour construire l’industrie de demain
  • une dizaine de projets inter-entreprises par an
  • 1300 m2 d’espaces transformants
  • 1 collectif de 330 personnes actives chaque année
  • 5500 visiteurs par an